Born to be blue

Publié le par Run

Chet Baker était un trompettiste de jazz aussi génial qu'imprévisible. Il n'avait pas de mal à faire de l'ombre à Miles, son contemporain, aussi jaloux que charismatique. La vie de Chet fut un roman que d'autres ne tardèrent pas à traduire sur grand écran; Ce génie soufflait dans une trompette comme on murmure à l'oreille d'une femme que l'on veut séduire. Les coïncidences me font parfois sourire. Alors que j'étais tranquillement installé dans le fauteuil 22G de cet Airbus d'American Airlines qui me menait vers la Floride, je fais défiler machinalement les films sur mon petit écran. Sous mes pieds l'océan, et au dessus de mois le ciel. Le bleu partout m'entoure, et je tombe sur Born to be blue, un film sur Chet Baker sorti en 2015. La coïncidence est que l'ami Medo me le donnait il y tout juste 15 jours, et que je m’apprêtais justement à le regarder entre ciel et mer. C'était parti pour 1h37.

1. Quand j'écoute Chet, je vois cette couleur

1. Quand j'écoute Chet, je vois cette couleur

Moi qui ne connait aucune note de musique, je connais la rythmique de la plupart des morceaux de Chet. Ce gars me souffle à l'oreille depuis mes 17 ans. Born to be blue retrace les jeunes années de Chet, son addiction à l'héro, l'amour de sa vie, Jane, la jalousie de Miles, et la remontée de l'enfer quand on lui défonça la bouche pour qu'il ne souffle jamais. Cet homme est remonté des abysses, là où presque tous y seraient restés. Le film est implacable sur la dureté de cette remontée. Un film remarquable, sans restriction.

2. "Une fois au moins dans sa vie De préférence la nuit Sous la pluie, écouter Chet Baker Au fond d'une Studebaker signée Raymond Loewy Ecouter Chet Baker, pleurer sur tout ce qui s'enfuit Se dire que c'est fini jusqu'à tout à l'heure Et revenir en arrière à toute allure" Vanessa P.

2. "Une fois au moins dans sa vie De préférence la nuit Sous la pluie, écouter Chet Baker Au fond d'une Studebaker signée Raymond Loewy Ecouter Chet Baker, pleurer sur tout ce qui s'enfuit Se dire que c'est fini jusqu'à tout à l'heure Et revenir en arrière à toute allure" Vanessa P.

Chet n'échappa pas à ma malédiction. Fut un temps, tout jazz man que je voyais, disparaissait de mort subite dans les 3 mois, j'étais une sorte de Rascar Capac d'ile de France. Cela commença par Gerry Mulligan, puis vint Stan Getz, Miles Davis, et hélas, Chet Baker y passa un mois de mai 1988. C'est marrant de savoir que Chet avait joué avec tous ces gars là. Dans les années 80, quand chacun faisait ce qu'il lui plaisait, e Bebop s'éteignait à petit feu.

J'ai vu Chet pour la seule fois de ma vie au New Morning, salle emblématique du vieux Paris. Je voyais mon idole, buriné par le temps, mais quand je fermais les yeux, j'étais transporté profondément dans les océans au volant d'une StudeBaker les cheveux au vent. Mais où était passé le James Dean du jazz? Archie Shepp l'accompagnait au sax ténor, Horace Parlan au piano, Herman Weight à la basse, et Clifford Jarvis aux drums. C'était le 14 mars 1988, et j'avais 21 ans.

3. 13ème étage au dessus d'Orlando

3. 13ème étage au dessus d'Orlando

Me voilà pour six semaines aux US. Retour un 7 novembre, juste avant que les frontières ne se ferment, puisque la veille d'une élection à risque. Six semaines d'est en ouest, du sud au nord. Road trip à la Thelma et Louise. Orlando est la première étape avec the big congrès d'entomologie du monde, où 6400 entomologistes grands, petits, gros, maigres et de toutes les couleurs se côtoient et échangent sur les bêtes à six pattes qui peuplent leur quotidien. Je parle mardi midi sur la vie d'un petit charançon qui mange un genêt. Entre humidité et chaleur extérieure et fraicheur et sécheresse intérieure, j'erre à la recherche d'un visage connu.

So far, so good

4. Born to be blue, green, orange, red.

4. Born to be blue, green, orange, red.