RunTheWorld

Je vous l'ai dit, partir en rando en montagne est ma seule chance de travailler en ce moment, afin de trouver mon arbre faya. Je suis donc parti tôt sur la Ruta 18. Les services touristiques de Gomera ont bien fait les choses, car tout est bien fléché, les chemins bien tracés, propres, de belles marches en rondins, etc. On compte 650km de sentiers sur Gomera. La seule chose qui pourrait poser problème est le manque d'eau, car beaucoup de ruisseaux asséchés, donc il faut partir avec assez d'eau. La Ruta 18 combine plusieurs parcours, car c'est la grande boucle qui fait tout le haut du parc entre 900 et 1400m, sur env. 15-20km pour 1000m D+. J'y suis allé en mode trail, et dès que je voyais mon faya, je m'arrêtais. Le tour m'a donc pris plus de temps que prévu mais c'était pour la bonne cause. Je vous le dis de suite, j'ai trouvé des insectes et champignons sur mon arbre, donc la journée a été un succès. Passons à présent à la partie récréative.

Je pars de la route qui mène à El Cedro, il est 8h. Je pars en courant, car c'est quand même plus sympa. Cette portion est magnifique, d'autant que je suis seul. Les touristes ne sont sortis dans leurs voitures ou leur bus que vers 10h. D'ailleurs, sur le chemin, sur toute la journée je n'ai croisé que 10 personnes max. Avril semble donc être la bonne période pour venir randonner ici.

Sur cette portion, il y a des miradors (point de vue) avec des vues à couper le souffle, et pour ça La Gomera n'a pas à rougir face aux Alpes ou au Yosemite. Avec le soleil qui monte, la brume devient aussi plus intense et les reliefs s'estompent. il faut donc partir encore plus tôt. C'est le problème des îles. Le sentier traverse aussi la route et il est quasi impossible de se tromper. Entre Los Roques et l'alto de Garanjonay (sommet de l'île), c'est une rando trail XXL. Faute de voir des gens, je croise pas mal de petite faune et une belle flore, même en sous bois. Les plantes sont là où il y a de l'humidité, car en dessous de 500m, c'est sec de chez sec, mais c'est aussi le royaume du palmier endémique Phoenix canariensis, dont on extrait la sève (savia) pour en faire un faux miel.

J'arrive au sommet de l'île. C'est une esplanade circulaire de 10m de large, d'où notre regard peut se porter très loin (du moins par ciel clair). Comme j'arrive vers midi, la brume est déjà en place, mais comme je suis haut, j'entrevois le Teide, un moment magique. La descente s'achève ensuite sous une canopée salutaire, car il commence à faire chaud. C'est la laurisylve, c'est à dire dominée par les Lauraceae, une famille d'arbre dominante dans le parc, avec les lauriers, mais d'autres familles comme les Myricaceae avec le faya. La laurisylve est une forêt primaire subtropicale qui existait avant en Mediteranéen, mais disparu suite à un réchauffement ancien. Ces reliques restent présentes aux Canaries, Madère et Açores, au point qu'a Gomera elle a été classée au Patrimoine mondial de l'Unesco.

Moi je courre dans cette forêt pleine de mousses et lichens qui pendent en croisant un joli ruisseau qui mène à l'ermitage de Lourdes. Un lieu qui fait penser au marais de Shrek, mais sans Shrek. Il y a cependant une chose magique, c'est la source qui jaillit d'un arbre, sans qu'on voit l'origine de la source. Parfait endroit pour se rafraîchir. Le retour à la voiture se fait en trottinant en montée sur un beau chemin dallé et toujours à l'ombre. Il y en donc pour tous les goûts sur cette île, de 1, 2, 5 à >130km de parcours. En effet on peut rejoindre chaque bout de l'île, voire même faire le tour de l'île par les chemins sur 133km et quelque 7000mD+ (GR132), et ensuite revenir par le réseau de bus bien fourni. Alors vous venez quand?

So far, so good