RunTheWorld

Je m'asseois tranquillement dans l'avion qui m'emmène aux USA. On m'a toujours appris qu'il ne fallait pas faire de délit de faciès, cependant mon voisin est l'archétype physique du terroriste. Je prends sur moi et demande une coupe de champagne. C'est l'avantage de voyager avec Air France sur les longs courriers, car même en classe éco, on a le droit au champ'. Je me dirige donc vers la Floride, surnommé l'état du soleil qui brille (Sunshine state). Avec ses 21millions d'habitants, c'est le 3ème état des US après la Californie et le Texas. Pourquoi Floride, car son découvreur, un navigateur espagnol y a accosté le jour des rameaux fleuris de Pâques, et en espagnol, fleuri se dit Florida. CQFD. Depuis la communauté hispanique y est toujours très nombreuse, surtout des cubains, normal la Havane est à moins de 200km de la pointe sud de la Floride (Key West). Un truc que je ne savais pas c'est qu'il n'y a pas moins de 4500 îles le long de la Floride, et de toutes tailles. On devrait en approcher quelques unes durant ce voyage. La Floride est d'une platitude incroyable, c'est ce qui fait que les ouragans y passent dessus sans s'arrêter. Pas d'épisode cévenol ici. Une chose est sûre, je ne suis pas venu ici pour faire de l'alpinisme puisque le sommet de l'état culmine à ...105m.

On m'a trouvé un hôtel dans la banlieue. Vu de loin, sur google map, cela me paraissait proche de l'océan. Vu de près, c'est à 1h à pied, et 1h30 en bus. Par contre 15mn en voiture. Car ici, la voiture est dans son royaume. Le sans plomb est à 90cts d'€, donc les gros pick-ups sont partout. Sans voiture, t'es mort. Je n'ai croisé quasiment aucun vélo depuis mon arrivée. Ici, c'est une autre planète. Souvenez-vous, il y a six mois, j'étais au Caire, et je me faisais la même remarque, pétrole pas cher et voitures pourries, et hop pollution. Ici, la seule différence est que les voitures sont toutes neuves et énormes. J'ai eu le temps de m'en rendre compte, ma chambre donne juste au dessus de la 6 voies.

Mais revenons à mon terroriste, car figurez-vous que je fais tomber ma bouteille d'eau dans l'avion, et mon voisin tente de la ramasser. De là, s'en suit une conversation, juste après mes remerciements, un léger choukhran, oualla akbar Je crois qu'il ne l'a pas entendu.Le gars est prof de physique et vient du Caire. Le Caire, nid d'espions? je n'irai pas jusque là. Quelle coïncidence quand même, car le lien est tout trouvé entre mes voyages en Egypte et aux US. En général je ne parle jamais à mes voisins d'avion, mais là, on cause, on se présente mutuellement. On sympathise même. Il s'appelle Mahmoud. On en vient à parler changement climatique. Je lui expose mon pessimisme, et lui dit qu'on y participe en ce moment même, puisqu'on est dans l'avion en buvant de l'eau de source en bouteille...plastique. Son approche de physicien lui fait penser que la Terre pourrait s'auto-soigner de tous ces maux sur le long terme. J'émets des doutes de biologiste. Chacun reste sur ses positions. Bref, de fil en aiguille, je finis mon champagne, mon vin rouge, et lui s'endort, car boire de l'eau ça repose. Le lendemain, je me retrouve au restau avec mes collègues. On a choisi TexMex, car c'est une valeur sûre, comme ce Cevice de crevettes locales au persil et citron vert, une tuerie. On commande de l'eau. Et la serveuse nous ramène 6 petites bouteilles d'eau venant du Connecticut, soit à 2200km d'ici. N'aurait-il pas été plus simple et écologique de mettre une grosse bonbonne de 20L où chacun irait se servir? Même dans l'avion, cela pourrait marcher, non? Mais comme la terre pourrait s'auto-soigner, j'ai demandé une paille en plastique pour boire mon eau.

So far, so good